Y'a un mariolle, il a au moins quatre ans Y veut t' piquer ta pelle et ton seau Ta couche culotte avec tes bonbecs dedans Lolita, défend-toi, fous-y un coup d' râteau dans l' dos Attend un peu avant de t' faire emmerder Par ces p'tits machos qui pensent qu'à une chose Jouer au docteur non conventionné J'y ai joué aussi, je sais de quoi j' cause J' les connais bien les play-boys des bacs à sable J' draguais leurs mères avant d' connaître la tienne Si tu les écoutes y t' feront porter leurs cartables 'Reusement qu' j' suis là, que j' te regarde et que j' t'aime Refrain Lola J' suis qu'un fantôme quand tu vas où j' suis pas Tu sais ma môme Que j' suis morgane de toi Comme j'en ai marre de m' faire tatouer des machins Qui m' font comme une bande dessinée sur la peau J'ai écrit ton nom avec des clous dorés Un par un, plantés dans le cuir de mon blouson dans l' dos T'es la seule gonzesse que j' peux tenir dans mes bras Sans m' démettre une épaule, sans plier sous ton poids Tu pèses moins lourd qu'un moineau qui mange pas Déploie jamais tes ailes, Lolita t'envole pas Avec tes miches de rat qu'on dirait des noisettes Et ta peau plus sucrée qu'un pain au chocolat Tu risques de donner faim a un tas de p'tits mecs Quand t'iras à l'école, si jamais t'y vas Qu'est-ce qu' tu m' racontes tu veux un p'tit frangin Tu veux qu' j' t'achète un ami Pierrot Eh les bébés ça s' trouve pas dans les magasins Puis j' crois pas que ta mère voudra qu' j' lui fasse un p'tit dans l' dos Ben quoi Lola on est pas bien ensemble Tu crois pas qu'on est déjà bien assez nombreux T'entends pas c' bruit, c'est le monde qui tremble Sous les cris des enfants qui sont malheureux Allez viens avec moi, j' t'embarque dans ma galère Dans mon arche y'a d' la place pour tous les marmots Avant qu' ce monde devienne un grand cimetière Faut profiter un peu du vent qu'on a dans l' dos
Paroles: Renaud Séchan / Musique : Renaud Séchan, Franck Langolff
Femme du monde ou bien putain Qui bien souvent êtes les mêmes Femme normale, star ou boudin, Femelles en tout genre je vous aime Même à la dernière des connes, Je veux dédier ces quelques vers Issus de mon dégoût des hommes Et de leur morale guerrière Car aucune femme sur la planète N' s'ra jamais plus con que son frère Ni plus fière, ni plus malhonnête A part peut-être Madame Thatcher Femme je t'aime parce que Lorsque le sport devient la guerre Y'a pas de gonzesse ou si peu Dans les hordes de supporters Ces fanatiques, fous-furieux Abreuvés de haines et de bières Déifiant les crétins en bleu, Insultant les salauds en vert Y'a pas de gonzesse hooligan, Imbécile et meurtrière Y'en a pas même en grande Bretagne A part bien sûr Madame Thatcher Femme je t'aime parce que Une bagnole entre les pognes Tu n' deviens pas aussi con que Ces pauvres tarés qui se cognent Pour un phare un peu amoché Ou pour un doigt tendu bien haut Y'en a qui vont jusqu'à flinguer Pour sauver leur autoradio Le bras d'honneur de ces cons-là Aucune femme n'est assez vulgaire Pour l'employer à tour de bras A part peut être Madame Thatcher Femme je t'aime parce que Tu vas pas mourir à la guerre Parc' que la vue d'une arme à feu Fait pas frissonner tes ovaires Parc' que dans les rangs des chasseurs Qui dégomment la tourterelle Et occasionnellement les Beurs, J'ai jamais vu une femelle Pas une femme n'est assez minable Pour astiquer un revolver Et se sentir invulnérable A part bien sûr Madame Thatcher C'est pas d'un cerveau féminin Qu'est sortie la bombe atomique Et pas une femme n'a sur les mains Le sang des indiens d'Amérique Palestiniens et arméniens Témoignent du fond de leurs tombeaux Qu'un génocide c'est masculin Comme un SS, un torero Dans cette putain d'humanité Les assassins sont tous des frères Pas une femme pour rivaliser A part peut être Madame Thatcher Femme je t'aime surtout enfin Pour ta faiblesse et pour tes yeux Quand la force de l'homme ne tient Que dans son flingue ou dans sa queue Et quand viendra l'heure dernière, L'enfer s'ra peuplé de crétins Jouant au foot ou à la guerre, A celui qui pisse le plus loin Moi je me changerai en chien si je peux rester sur la Terre Et comme réverbère quotidien Je m'offrirai Madame Thatcher
Paroles: Renaud Séchan / Musique : Renaud Séchan, Franck Langolff
Jamais une statue ne sera assez grande Pour dépasser la cime du moindre peuplier Et les arbres ont le coeur infiniment plus tendre Que celui des hommes qui les ont plantés Pour toucher la sagesse qui ne viendra jamais Je changerai la sève du premier olivier Contre mon sang impur d'être civilisé Responsable anonyme de tout le sang versé Fatigué, fatigué Fatigué du mensonge et de la vérité Que je croyais si belle, que je voulais aimer Et qui est si cruelle que je m'y suis brûlé Fatigué, fatigué Fatigué d'habiter sur la planète Terre Sur ce brin de poussière, sur ce caillou minable Sur cette fausse étoile perdue dans l'univers Berceau de la bêtise et royaume du mal Où la plus évoluée parmi les créatures A inventé la haine, le racisme et la guerre Et le pouvoir maudit qui corrompt les plus purs Et amène le sage à cracher sur son frère Fatigué, fatigué Fatigué de parler, fatigué de me taire Quand on blesse un enfant, quand on viole sa mère Quand la moitié du monde en assassine un tiers Fatigué, fatigué Fatigué de ces hommes qui ont tué les indiens Massacré les baleines, et bâillonné la vie Exterminé les loups, mis des colliers aux chiens Qui ont même réussi à pourrir la pluie La liste est bien trop longue de tout ce qui m'écoeure Depuis l'horreur banale du moindre fait divers Il n'y a plus assez de place dans mon coeur Pour loger la révolte, le dégoût, la colère Fatigué, fatigué Fatigué d'espérer et fatigué de croire A ces idées brandies comme des étendards Et pour lesquelles tant d'hommes ont connu l'abattoir Fatigué, fatigué Je voudrais être un arbre, boire à l'eau des orages Pour nourrir la terre, être ami des oiseaux Et puis avoir la tête si haut dans les nuages Pour qu'aucun homme ne puisse y planter un drapeau Je voudrais être un arbre et plonger mes racines Au coeur de cette terre que j'aime tellement Et que ces putains d'hommes chaque jour assassinent Je voudrais le silence enfin et puis le vent Fatigué, fatigué Fatigué de haïr et fatigué d'aimer Surtout ne plus rien dire, ne plus jamais crier Fatigué des discours, des paroles sacrées Fatigué, fatigué Fatigué de sourire, fatigué de pleurer Fatigué de chercher quelques traces d'amour Dans l'océan de boue où sombre la pensée Fatigué, fatigué
Paroles & Musique : Renaud Séchan
Va donc pas pleurer Y s'baladait peinard Il avait pas d'collier Il était libre d'aller Et d'rev'nir pour bouffer Il était même pas prisonnier De ton amour insensé T'aurais quand même pas Voulu qu'y vive comme un con Sur le canapé Loin des gouttières des pigeons C'était un aventurier T'aurais pas voulu qu'on l'attache Y t'aurais miaulé: " Mort aux vaches! " Le petit chat est mort Il est tombé du toît C'est comme ça Il a glissé sur j'sais pas quoi Et Patatras On l'enterr'ra demain j'te jure Dans un joli carton à chaussures Le petit chat est mort Et toi et moi on va couci-couça A cause de quoi ? A cause que c'est Chaque fois comme ça Pourquoi c'est toujours les p'tits chats Et jamais les hommes qui tombent des toits? C'était un vrai sac à puces Encore plus libre qu'un chien Pas l'genre pour un su-sucre A te lécher la main Mais la liberté tu vois Cest pas sans danger c'est pour ça Qu'elle court pas les rues ni les toîts C'était un vrai Titi La terreur des p'tis oiseaux La nuit y s'faisait gris Pour les croquer tout chauds C'est un peu salaud Mais t'as jamais mangé d'moineau C'est pas plus dégueu qu'un MacDo Le petit chat est mort Il est tombé du toit C'est comme ça Il a glissé sur j'sais pas quoi Et Patatras On ira d'main dans un jardin L'enterrer au pied d'un arbre en bois Le petit chat est mort Et toi et moi on va Couci-couça A cause de quoi ? A cause quon s'demande bien pourquoi T'as jamais un pape sur les toîts Etre trop près du ciel p't'être qu'y z'aiment pas
Paroles & Musique : Renaud Séchan
Tu peux pas t' casser, y pleut Ca va tout mouiller tes ch'veux J' sais qu' tu s'ras jolie quand même Mais quand même tu s'ras partie Moi y m' restera à peine Que ma peine et mon envie De te coller quelques beignes Et quelques baisers aussi Fais gaffe, dehors c'est pas mieux Y'a d' la haine dans tous les yeux Y'a des salauds très dangereux Et des imbéciles heureux Je suis mille fois meilleur qu'eux Pour soigner tes petits bleus Tu peux pas t' casser, y pleut Ca va tout mouiller tes ch'veux Tu peux pas t' casser parc' que T'as pas l' droit, c'est pas du jeu On avait dit qu' tous les deux On resterait près du feu T'aurais pu attendre un peu J'allais bientôt être vieux Tu peux pas t' casser, y pleut Ca va tout mouiller tes ch'veux Tu peux pas t' casser, je t'aime A m'en taillader les veines Et pi d'abord ça suffit On s' casse pas à six ans et d'mi Allez, d'accord, t'as gagné Je te rallume la télé Mais tu peux pas t' casser, y pleut Ca va tout mouiller tes ch'veux Tu peux pas t' casser, y pleut Ca va tout mouiller mes yeux
La Blanche
Paroles & Musique : Renaud Séchan
Salut Michel ça fait une paye Que j't'ai pas vu traîner dans mes ruelles Qu'est-c'que tu d'viens moi ça va bien Paraît qu'toi tu marches dans un drôle de ch'min T'as les joues creuses les mains caleuses Et la démarche un p'tit peu chaloupeuse Vraiment tu m'terrasses bonjour l'angoisse Paraît qu't'es tombé dans une drôle de crevasse Paraît qu'c'est pas tous les jours dimanche La blanche Tu bois quelqu'chose non t'as pas soif Y t'faut ta dose t'as pas d'tunes t'es en caraffe Allez prend une bière ça peut pas t'faire de mal C'est en vente libre profites en c'est pas cher Au fait tu m'dois cent sacs j'en fais pas un sac Mais tes p'tites arnaques ras l'bol j'en ai ma claque Pour décrocher tu ma taxé Pour descendre sur la côte t r'faire une santé Est-c'qu'elle coûte moins cher à Villefranche La blanche Paraît qu'ta gonzesse s'est barré avec ta caisse Paraît qu'tu bandais plus pour sa geule pour ses fesses Tu veux que j'te dise t'étais trop bien pour elle Comment ça j'ironise non j'suis pas cruel Eh ben ma gueule te v'là tout seul T'as l'regard triste comme un épagneul T'es vachement speed mais t'as plus rien dans l'bide T'as qu'la poudre au yeux et les yeux bien livides Y'a vraiment plus qu'une seule chose qui t'branche C'est la blanche T'as p't'être raison j'te parle comme un vieux con Mais j'suis un vieux con vivant j'ai la gaule j'suis content Toi t'as les boules moi j'ai la frite C'est pas du Bashung non mon pote c'est du Nietzsche Toi tu t'fais une ligne moi une bibine Pendant qu'tu t'dopes j'fume mes deux paquets d'clopes Chacun son trip chacun son flip Toi c'est pas souvent qu't'as des parties gratuites J'préfère t'laisser tout seul sur ta branche Avec la blanche Allez salut Michel à la prochaine On s'téléphone on s'fait une bouffe ça baigne Et pi j'vais t'dire si tu m'fais un sourire Tout c'que j't'ai dis ben jte jure que j'le r'tire Mais si j'croise ton dealer j'y fous dans l'cul Un coup d'surin d'la part d'un copain Ca risque d'être dur vu que c't'ordure Un cur ça m'étonnerait qu'il en ait un On couchera avant lui entre quatre planches Toutes blanches
Où c'est qu'j'ai mis mon flingue?
J' veux qu' mes chansons soient des caresses, Ou bien des coups d' poings dans la gueule. A qui qu' ce soit que je m'agresse, J' veux vous remuer dans vos fauteuils. Alors écoutez moi un peu, Les pousse-mégots et les nez-d'boeux, Les ringards, les folkeux, les journaleux. D'puis qu'y' a mon nom dans vos journaux, qu'on voit ma tronche à la télé, Où j' vends ma soupe empoisonnée, Vous m'avez un peu trop gonflé. J' suis pas chanteur pour mes copains, Et j' peux être teigneux comme un chien. J' déclare pas, avec Aragon, Qu' le poète a toujours raison. La femme est l'avenir des cons, Et l'homme n'est l'avenir de rien. Moi, mon av'nir est sur zinc D'un bistrot des plus cradingues, Mais bordel, où c'est qu' j'ai mis mon flingue ? J' vais pas m' laisser emboucaner Par les fachos, pas les gauchos, tous ces pauvr' mecs endoctrinés Qui foutent ma révolte au tombeau. Tous ceux qui m' traitent de démago Dans leur torchons qu' j' lirais jamais : " Renaud, c'est mort, il est récupéré " ; Tous ces p'tits bourgeois incurables Qui parlent pas, qu'écrivent pas, qui bavent, qui vivront vieux leur vie d' minables, Ont tous dans la bouche un cadavre. T't' façon, j' chante pas pour ces blaireaux, Et j'ai pas dit mon dernier mot. C'est sûr'ment pas un disque d'or, Ou un Olympia à moi tout seul, Qui me feront virer de bord, Qui me feront fermer ma gueule. Tant qu'y' aura d' al haine dans mes s'ringues, Je ne chant'rai que pour les dingues, Mais bordel, ! Où c'est qu' j'ai mis mon flingue ? Y'a pas qu' les mômes, dans la rue, Qui m' collent au cul pour une photo, Y'a même des flics qui me saluent, Qui veulent que j' signe dans leurs calots. Moi j' crache dedans, et j' cris bien haut Qu' le bleu marine me fait gerber, Qu' j'aime pas l' travail, la justice et l'armée. C'est pas demain qu'on m' verra marcher avec les connards qui vont aux urnes, Choisir celui qui les f'ra crever. Moi, ces jours là, j' reste dans ma turne. Rien à foutre de la lutte de crasse, Tous les systèmes sont dégueulasses ! J' peux pas encaisser les drapeaux, quoi que le noir soir le plus beau. La marseillaise, même en reggae, Ca m'a toujours fait dégueuler. Les marches militaires, ça m' déglingue Et votr' République, moi j' la tringle, Mais bordel ! Où c'est qu' j'ai mis mon flingue ? D'puis qu'on m'a tiré mon canif, Un soir au métro Saint Michel, J' fous plus les pieds dans une manif Sans un nunchak' ou un cocktail A Longwy comme à Saint Lazare, Plus de slogans face aux flicards, Mais des fusils, des pavés, des grenades ! Gueuler contre la répression En défilant " Bastille-Nation " Quand mes frangins crèvent en prison Ca donne une bonne conscience aux cons, Aux nez-d'boeux et aux pousse-mégots Qui foutent ma révolte au tombeau. Si un jour j' me r'trouve par terre, Sûr qu' ça s'ra d' la faute à Baader. Si j' crève le nez dans le ruisseau, Sûr qu' ça s'ra d' la faute à Bonnot. Pour l'instant, ma gueule est sur le zinc D'un bistrot des plus cradingues, MAIS FAITES GAFFE !
J'AI MIS LA MAIN SUR MON FLINGUE !
Les aventures de Gérard Lambrert
Quatorze Avril 77 Dans la banlieue où qui fait nuit La petite route est déserte Gérard Lambert rentre chez lui Dans le lointain les mobylettes poussent des cris... Ca y' est j'ai planté le décor Créé l' climat de ma chanson Ca sent la peur ça pue la mort j'aime bien c' t' ambiance pas vous? ah bon... Voici l'histoire proprement dite voici l'intrigue de ma chanson Gérard Lambert roule très vite Le vent s'engouffre dans son blouson Dans le lointain les bourgeois dorment comme des cons Lorsque soudain survient le drame Juste à la sortie d'un virage Y'a plus d'essence dans la bécane Gérard Lambert est fou de rage! T'aurais pas dû Gérard Lambert Aller ce soir là à Rungis T'aurais dû rester chez ta mère Comme un bon fils Il met sa mob sur la béquille s'assied par terre et réfléchit: Dans cette banlieue de bidonvilles Y'a pas un pompe ouverte la nuit! Dans le lointain y'a une sirène qui s'évanouit... Qu'est ce que j' vais faire bordel de dieu? J' vais quand même pas rentrer à pied! Plus y s'angoisse moins ça va mieux Quand soudain lui surgit une idée: J' vais siphonner un litre ou deux Dans l' réservoir de cette bagnole Et pis après j'y crève les pneus Comme ça gratuitement par plaisir Faut bien que j' me défoule un peu J' suis énervé... Une fois son forfait accompli Gérard Lambert va repartir La mobylette veut rien savoir C'est le bon Dieu qui l'a puni! T'aurais pas dû Gérard Lambert Aller ce soir là à Rungis T'aurais dû rester chez ta mère Comme un bon fils Alors pendant une demi heure Dans son moteur il tripatouille Il est crevé il est en sueur Il a du cambouis jusqu'aux coudes Dans le lointain le jour se lève Comme d'habitude A c' moment là un mec arrive Un p'tit loubard aux cheveux blonds Et qui lui dit comme dans les livres: " S'te plaît dessine moi un mouton Une femme à poil ou un calibre Un cran d'arrêt une mobylette Tout c' que tu veux mon pote t'es libre Mais dessine moi quequ' chose de chouette! Dans le lointain y' s' passe plus rien Du moins il me semble... Alors d'un coup d' clé à molette Bien placé entre les deux yeux Gérard Lambert éclate la tête Du Petit Prince de mes deux! Faut pas gonfler Gérard Lambert Quand y répare sa mobylette C'est la morale de ma chanson Moi j' la trouve chouette Pas vous ? ah bon...
Dans mon HLM
Au rez-d'-chaussée, dans mon HLM Y'a une espèce de barbouze Qui surveille les entrées, Qui tire sur tout c' qui bouge, Surtout si c'est bronzé, Passe ses nuits dans les caves Avec son Beretta, Traque les mômes qui chouravent Le pinard aux bourgeois. Y s' recrée l'Indochine Dans sa p'tite vie d' peigne cul. Sa femme sort pas d' la cuisine, Sinon y cogne dessus. Il est tellement givré Que même dans la Légion Z'ont fini par le j'ter, C'est vous dire s'il est con! Putain c' qu'il est blême, mon HLM! Et la môme du huitième, le hasch, elle aime! Au premier, dans mon HLM, Y'a l' jeune cadre dynamique, Costard en alpaga, C'ui qu'a payé vingt briques Son deux pièces plus loggia. Il en a chié vingt ans Pour en arriver là, Maintenant il est content Mais y parle de s' casser. Toute façon, y peut pas, Y lui reste à payer Le lave vaisselle, la télé, Et la sciure pour ses chats, Parc' que naturellement C' bon contribuable centriste, Il aime pas les enfants, C'est vous dire s'il est triste! Putain c' qu'il est blême, mon HLM! Et la môme du huitième, le hasch, elle aime! Au deuxième, dans mon HLM, Y'a une bande d'allumés Qui vivent à six ou huit Dans soixante mètres carrés, Y'a tout l' temps d' la musique. Des anciens d' soixante-huit, Y'en a un qu'est chômeur Y'en a un qu'est instit', Y'en a une, c'est ma soeur. Y vivent comme ça, relax Y'a des mat'lats par terre, Les voisins sont furax; Y font un boucan d'enfer, Y payent jamais leur loyer, Quand les huissiers déboulent Y écrivent à Libé, C'est vous dire s'ils sont cools! Putain, c' qu'il est blême, mon HLM! Et la môme du huitième, le hasch, elle aime! Au troisième, dans mon HLM; Y'a l'espèce de connasse, Celle qui bosse dans la pub', L'hiver à Avoriaz, Le mois d' juillet au Club. Comme toutes les décolorées, Elle a sa Mini-Cooper, Elle allume tout l' quartier Quand elle sort son cocker. Aux manifs de gonzesses, Elle est au premier rang, Mais elle veut pas d'enfants Parc' que ça fait vieillir, Ca ramollit les fesses Et pi ça fout des rides, Elle l'a lu dans l'Express, C'est vous dire si elle lit! Putain c' qu'il est blême, mon HLM! Et la môme du huitième, le hasch, elle aime! Au quatrième, dans mon HLM, Y'a celui qu' les voisins Appellent " le communiste ", Même qu'ça lui plaît pas bien, Y dit qu'il est trotskiste! J'ai jamais bien pigé La différence profonde, Y pourrait m'expliquer Mais ça prendrait des plombes. Depuis sa pétition, Y'a trois ans pour l' Chili, Tout l'immeuble le soupçonne A chaque nouveau graffiti, N'empêche que " Mort aux cons " Dans la cage d'escalier, C'est moi qui l'ai marqué, C'est vous dire si j'ai raison! Putain c' qu'il est blême, mon HLM! Et la môme du huitième, le hasch, elle aime! Pi y'a aussi, dans mon HLM, Un nouveau romantique, Un ancien combattant, Un loubard, et un flic Qui s' balade en survêtement Y fait chaque jour son jogging Avec son berger all'mand, De la cave au parking, C'est vachement enrichissant. Quand j'en ai marre d' ces braves gens J' fais un saut au huitième Pour construire un moment 'vec ma copine Germaine, Un monde rempli d'enfants. Et quand l' jour se lève On s' quitte en y croyant, C'est vous dire si on rêve! Putain c' qu'il est blême, mon HLM! Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!
Paroles: Renaud Séchan / Musique : Renaud Séchan, Franck Langolff
A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi Et regarder les gens tant qu'y en a Te parler du bon temps qu'est mort ou qui r'viendra En serrant dans ma main tes p'tits doigts Pis donner à bouffer à des pigeons idiots Leur filer des coups d' pieds pour de faux Et entendre ton rire qui lézarde les murs Qui sait surtout guérir mes blessures Te raconter un peu comment j'étais mino Des bonbecs fabuleux qu'on piquait chez l' marchand Car en sac et Minto, caramel à un franc Les mistrals gagnants A marcher sous la pluie cinq minutes avec toi Et regarder la vie tant qu'y en a Te raconter la Terre en te bouffant des yeux Et parler de ta mère un p'tit peu Et sauter dans les flaques pour la faire râler Bousiller nos godasses et s' marrer Et entendre ton rire comme on entend la mer S'arrêter et r'partir en arrière Te raconter surtout les carambars d'antan, les cocos bohères Et les vrais roudoudou qui nous coupaient les lèvres Et nous niquaient les dents Les mistrals gagnants A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi Et regarder l' soleil qui s'en va Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fou Te dire que les méchants c'est pas nous Que si moi je suis barge, ce n'est que de tes yeux Car ils ont l'avantage d'être deux Et entendre ton rire s'envoler aussi haut Que s'envolent les cris des oiseaux Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie Et l'aimer même si le temps est assassin Et emporte avec lui le rire des enfants Les mistrals gagnants Les mistrals gagnants