Album enregistré en 1979
Ma Gonzesse
Malgré le blouson clouté, Sur mes épaules de v'lours. J'aim'rais bien parfois chanter, Autre chose que la zone. Un genre de chanson d'amour Pour ma p'tite amazone. Pour celle qui tous les jours Partage mon cassoulet. Ma gonzesse, celle que j'suis avec. Ma princesse, celle que j'suis son mec. Oh oh oh Faut dire qu'elle mérite bien, Qu'j'y consacre une chanson. Vu que j'suis amoureux d'elle, Un peu comme dans les films, Ou y a tous pleins de violons Quand le héros y meure. Dans les bras d'une infirmière, Qu'est très belle et qui pleure. Et pis elle est balancée , Un peu comme un Mayol, Tu sais bien les statues, Du jardin des Tuileries. Qui hiver comme été Exhibent leur guibolles, Et se gèlent le cul Et le reste aussi. Ma gonzesse, celle que j'suis avec. Ma princesse, celle que j'suis son mec. Oh oh oh Pis faut dire qu'elle a les yeux, Tell'ment qui sont beaux, On dirait bien qu'ils sont bleus, On dirait des calots. Parfois quand elle me regarde, J'imagine des tas de choses, Que je réalise plus tard Quand on se retrouve tout seul. Si tu dis qu'elle est moche, Tu y manques de respect, Je t'allonge une avoine Ce sera pas du cinoche. Mais si tu dis qu'elle est belle, Comme je suis très jaloux, Je t'éclate la cervelle Faut rien dire du tout. De ma gonzesse, celle que j'suis avec. Ma princesse, celle que j'suis son mec. Oh oh oh J'aimerais bien un c'est jour, Y collé un marmot, Ouais un vrai qui chiale et tout Et qu'a tout le temps les crocs. Elle aussi elle aimerais ça, Mais c'est pas possible, Son mari y veut pas Y dis qu'on est trop jeune. Ma gonzesse, celle que j'suis avec. Ma princesse, celle que j'suis son mec. Ma gonzesse, celle que j'suis avec. Ma princesse, celle que j'suis son mec. Celle que j'suis avec, ma princesse.
Sans déc'
J'ai un pote qu'est plein d' fric Il est musicien. Il joue d'la guitare électrique Avec moi sur scène. Quand il joue trop fort Il fait du larsène, Alors j' lui dit tu fait du larsène rupin. Sans déc J' vous jure qu' c'est vrai les mecs Croix de bois, croix de fer Si j' mens j' vais en enfer. Les mecs qui disent qu' j' suis né Sur un camion citerne Parce que j'ai les jambes arquées et y parait qu' sa se voit. J' vais dire c'est des conneries Parc' que le camion en fait il était pas si terne que ça. Sans déc J' vous jure qu' c'est vrai les mecs Jambe de bois, paille de fer Si j' mens j' vais en enfer. L'autre jour je réveille avec la gueule de bois J'avais une sale tronche et les yeux cernés J'ai r'gardé mes yeux et j' leur est dit comme ça Allez rendez-vous vous êtes cernés Sans déc J' vous jure qu' c'est vrai les mecs Cheval de bois, rideaux de fer Si j' mens j'vais en enfer. Y paraîtrait qu'un mec Qui s' décolore les ch'veux Il a l'air d'un trav'lo et c'est ridicule Paraît qu' les travelos Quand on avance y r'cule Moi j'trouve ça normal C'est les trav'los de r'cule. Sans déc J' vous jure qu' c'est vrai les mecs Gueule de bois, chemin de fer. Si j' mens j' vais en enfer. Avec mon frère jumeau On s'ressemble vach'ment Mais faut dire que nous deux C'est lui le plus ressemblant Le jour de notre naissance Deux scarabées sont morts Dés qu'un enfant rentr' dans la vie Un vieillard en sort Sans déc J' vous jure qu' c'est vrai les mecs Paul Préboit, Gaston Defer Si j' mens j' vais en enfer. Sans déc J' vous jure qu' c'est vrai les mecs Robin des bois, Rochereau d'Enfer Si j' mens j' vais en enfer. Sans déc J' vous jure qu' c'est vrai les mecs Dans la vie faut pas sans faire Si j' mens j' vais en enfer. Sans déc J' vous jure qu' c'est vrai les mecs On a beau dire on a beau faire Si j' mens j' vais en enfer. Sans déc J' vous jure qu' c'est vrai les mecs Croix de bois croix de fer Si j' mens j' vais en enfer. Sans déc J' vous jure qu' c'est vrai les mecs Oui l'endroit ou bien l'envers Si j' mens j' vais en enfer. Sans déc J' vous jure qu' c'est vrai les mecs.
La tire à Dédé
L'avait les roues arquées un peu comme j'ai les jambes Sur l' toit et sur l' capot l'avait les deux bandes blanches Le volant en faux bois les banquettes en vrai Skaï Le klaxon qui jouait le pont d' la rivière Kwaï Dédé l'avait fait r'peindre en bleu métallisé Y disait qu'ça lui rapp'lait l' ciel de son pays On a jamais bien su où qu' c'est qu'il était né Vu qu'il était menteur comme tous ceux de sa race Dans la tire à Dédé J'en ai fait des virées Quand j'y repense aujourd'hui Sur ma mob je m'ennuie Sur la lunette arrière y' avait l'autocollant Avec allez les verts et sur la vitre avant Y avait marqué en blanc sur un fond bleu d'azur " Skiez à Val d'Isère et respirez l'air pur " Elle pompait à peu près autant d' fuel aux cent bornes Que Dédé buvait d' bière mais faut dire qu'y t'nait bien Quand on s' tapait l' Sébastopol à 220 Pour qu' les flics nous rattrapent il fallait qu'ils s' cramponnent Dans la tire à Dédé J'en ai fait des virées Quand j'y repense aujourd'hui Sur ma mob je m'ennuie Quand Dédé en tenait un coup dans les naseaux Bien qu' j'ai pas mon permis c'est moi qui conduisait J' prenais qu' les sens uniques pour semer les perdreaux Et j' bouclais ma ceinture parc' que j' suis pas givré On embarquait des grosses qui rodaient en banlieue Et qu'attendait que nous pour s'éclater un peu " Allez monté les filles on s'arrache en vacances " Dix bornes plus loin on leur f'sait l' coup d' la panne d'essence Dans la tire à Dédé J'en ai fait des virées Quand j'y repense aujourd'hui Sur ma mob je m'ennuie Mais une nuit des voyous, des vrais enfants d' salauds Pendant qu' Dédé pionçait z' y' ont fracturé son box Z' y' ont tirés son klaxon et son autoradio Ses cassettes de Mike Brant et ses jantes en inox Dédé le lendemain en voyant le tableau Lui qu'avait une santé d'académicien S'est chopé l'infarctus dont nous cause les journaux Et l'a cassé sa pipe tout seul au p'tit matin Dans la tire à Dédé J'en ai fait des virées Quand j'y repense aujourd'hui Sur ma mob je m'ennuie Pauv' Dédé aujourd'hui, l'est au cimetière Pantin Sur sa tombe on a peint deux bandes blanches c'est super Sa bagnole crève doucement tout au fond du jardin D'un pavillon d' banlieue prés d' la ligne de ch'min d' fer Les poules ont fait leur nid sur les sièges éventrés La rouille a tout bouffé la peinture et les chromes Le pare-brise et les phares dégommés par les mômes Y reste bientôt plus rien d' la pauv' tire à Dédé Dans la tire à Dédé J'en ai fait des virées Quand j'y repense aujourd'hui Sur ma mob je m'ennuie Sur ma mob je m'ennuie
Chtimi Rock
Depuis qu'Eddy Mitchell est allé Nashville Tous les rockers français ont carrément flippé Ils ont pris leur guitare et ont quitté Belleville Pour aller faire du rock là bas au U.S.A Ils font du rock'n-roll à Memphis Tennessee Avec des musicos qui assurent comme des bêtes Ils vont à New Orléans ou à New York City Pour trouver le meilleur feeling de la planète Mais moi pour m'éclater pas b'soin d'aller si loin Je joue du rock'n-roll à Lille Roubaix Tourcoing Avec deux trois copains aussi mauvais que moi On assassine Mozart, Bethov' et Chuck Berry Avec le gros Lulu et sa guitare en bois On fait du rock'n-roll qu'est carrément pourris Dans les bouges de Lille et les bistrots de Tourcoing Où la bière coule à flot sous des tonnes de frites On fait danser le twist et le rock au copain En jouant des vieux tubes de Johnny et d'Elvis On a des blousons d'cuir et des vieux mocassins On fait du rock'n-roll à Lille Roubaix Tourcoing Un des ces quat' matins on deviendra des pop stars A nous les hits parade et puis à nous Guy Lux Même si on est mauvais on garde quand même l'espoir De connaître la gloire la fortune et le luxe Mais on n'oublieras pas notre pays natal Et on retournera dimanche et jour de fête Jouer comme autrefois dans tous les festivals Pour trouver le meilleur feeling de la planète On laissera pas tomber tous nos anciens copains On f'ra du rock'n-roll à Lille Roubaix Tourcoing On f'ra du rock'n-roll à Lille Roubaix Tourcoing On f'ra du rock'n-roll à Lille Roubaix Tourcoing
J'ai la vie qui m'pique les yeux
J'ai la vie qui m' pique les yeux J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut. Pas beaucoup, mais un p'tit peu. J' m'interesse plus à grand chose Même pas fatigué, j' me r'pose J' bois la vie à toute petite dose, J' vois plus la couleur des roses. Dans ma guitare, y'a plus rien Plus une note, plus un refrain. Dans mes doigts, y'a rien qui tient Dans ma peau, y'a qu' du chagrin. J'ai la vie qui m' pique les yeux J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut. Pas beaucoup, mais un p'tit peu. Au bistrot du temps qui passe, J' bois un verre à la terrasse. J' me dis qu' à l'école de l'angoisse, J' s'rai toujours l' premier d' la classe. Me raconter pas d'histoires: La vie c'est une tonne de cafards C'est toujours un fond d' tiroir, C'est toujours un train qui part. J'ai la vie qui m' pique les yeux, J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut. Pas beaucoup, mais un p'tit peu. J' voudrais vivre rien qu'en vacances, Qu' ce soit tous les jours bizance, Qu' ce soit tous les jours l'enfance, Dans un monde que d'innocence. Mais, j' vis au fond d'un abîme, Tout seul, avec ma p'tite frime ; Et dans mon dictionnaire de rimes, Avec amour, y'a qu' déprime. J'ai la vie qui m' pique les yeux, J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut. Pas beaucoup, mais un p'tit peu. Alors l' soir avant qu' j' me couche, J'écoute chanter la pauv'e souche, Les mots qui sortent de sa bouche, Ca m' fait tout drôle, et ça m' touche. Et tout au fond d' sa détresse Je découvre tellement de tendresse, Que même si j' tombe et qu j' me blesse J' dis bonne nuit à ma tristesse. J'ai la vie qui m' pique les yeux J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut. Pas beaucoup, mais un p'tit peu. J'ai la vie qui m' pique les yeux, Heureusement, j' suis amoureux, D'une p'tite fille qui m' rend heureux, Pas beaucoup mais un p'tit peu.
C'est mon dernier bal
Au cinoche de Créteil Y jouaient que des pornos, Moi ça m' disait trop rien J' les avais déjà vu J'ai dis à mes copains Y'a un baloche à Sarcelles On va y faire un saut, Y'aura p't'être des morues, Et pis ça fait un baille Qu'on s'est plus bastonné Avec de la flicaille Ou des garçons bouchés. C'est mon dernier bal Ma dernière virée Demain dans l' journal Y'aura mon portrait. On a pris les bécanes Et on s'est arrachés Direction la castagne, La bière à bon marché. Mais on était pas seul On avait emmené Deux trois amuse-gueules Dont l' port est prohibé On veux pas provoqué Moi j' suis pas un fondu Mais faut bien dire c' qui est J' suis pas un ange non plus. C'est mon dernier bal Ma dernière virée Demain dans l' journal Y'aura mon portrait. Arrivés à l'entrée Devant la pauvre caissière On voulait pas payer vingt-cinq balles c'est trop cher Alors on a profité Pour une fois qu' y' avait pas L' service d'ordre de KCP Pour foncer dans l' tas Et puis on s'est pointé Direct à la buvette Où on s'est enfilé Chacun nos huit canettes. C'est mon dernier bal Ma dernière virée Demain dans l' journal Y'aura mon portrait. Y'avait une bande de mecs De l'autre coté d' la piste Qui nous mataient à mort Depuis un bon moment. On s'est fritté avec C'était vraiment pas triste, Pis on s'est réconcilié D'vant une bière en s' marrant. D' nos jours dans les baloches, On s'exprime, on s' défoule : A grand coup d' manches de pioches Une fracture, ça dessaoule. C'est mon dernier bal Ma dernière virée Demain dans l' journal Y'aura mon portrait. Et l'espèce de ringard Qui jouait d' l'accordéon, On' y a fait bouffé Avec ses bretelles. Maintenant il a une belle paire De poumons nacrés Dès qu'i' tousse un peu I' recrache les boutons. Quand ça a dégénéré En baston générale On a vu se pointer Les milices rurales. C'est mon dernier bal Ma dernière virée Demain dans l' journal Y'aura mon portrait. Avec mon flingue d'alarme J'avais l'air d'un con Devant la Winchester De l'adjoint au maire Y m'a dit " N'avance pas Si tu bouge t'es mort " J'aurai pas dû bouger Maintenant je suis mort. Dans la vie mon p'tit gars Y'a pas à tortiller : Y'a rien de plus dangereux Que de se faire tuer. C'est mon dernier bal J'en ai reçue une Putain qu' ça fait mal De crever sous la lune ! C'est mon dernier bal Ma dernière virée Demain dans l' journal Y'aura mon portrait. C'est mon dernier bal Ma dernière virée Demain dans l' journal Y'aura mon portrait. C'est mon dernier bal Ma dernière virée Demain dans l' journal Y'aura mon portrait. C'est mon dernier bal Ma dernière virée Demain dans l' journal Y'aura mon portrait.
Le tango de Massy-Palaiseau
Y'a eu le tango des fauvettes Y'a eu le tango de Manon L' tango des bouch' et d' la Villette Et le tango des papillons. Mais moi et mes copains Celui qu'on aime par dessus tout Celui qui nous rend vraiment fou C'est le plus grand, c'est le plus beau. C'est la tango de Massy-Palaiseau. Avec le piano à bretelles Qui nous balance son tremollo Avec la soupe au vermicelles Qui fait de nous des grands costauds. On fait danser les demoiselles en jouant les Marlon Brando Faut les voir tourner les sauterelles Là bas du coté d' Longjumeaux C'est le tango de Massy-Palaiseau. Et quand Landru ce vieux salaud Coupa sa femme en p'tits morceaux Elle lui d'manda dans un sanglot Je t'en pris ne me scie pas les os Il répondit : " Je fais c' que veux Car je suis le roi du tango Et je le danse beaucoup mieux Que Rudolphe et Valentino " C'est le tango de Massy-Palaiseau. C'est en forgeant qu'on d'vient forgeron C'est en mangeant l' la soupe qu'on grandit. Et c'est en jouant au bûcheron Qu' Léonard De Vinci. Mais moi si je devint si sot Si j'ai des soucis d'puis l' berceau C'est parc' qu'au bout de la ligne de Sceaux Un jour j' suis passé par Massy C'est le tango de Massy-Palaiseau. Et si je chante ce tango Un peu débile, un peu rétro, C'est pour vous dire en quelques mots " Allez les gars : prenez l' métro Venez faire un tour par chez moi Où restent quelques vrais Julos qui savent danser comme autrefois Le tango qu'ils ont dans la peau " C'est la tango de Massy-Palaiseau.
Chanson pour Pierrot
T'es pas né dans la rue T'es pas né dans l' ruisseau T'es pas un enfant perdu Pas un enfant d' salaud, Vu qu' t'es né dans ma tête Et qu' tu vis dans ma peau J'ai construit ta planète Au fond de mon cerveau. Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau, Mon copain tu m' tiens chaud. Pierrot. Depuis l' temps que j' te rêve, Depuis l' temps que j' t'invente, De pas te voir j'en crève Et j' te sens dans mon ventre. Le jour où tu ramène, J'arrête de boire : promis, Au moins toute une semaine, Ce s'ra dur, mais tant pis. Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau, Mon copain tu m' tiens chaud. Pierrot. Qu' tu sois fils de princesse, Ou qu' tu sois fils de rien, Tu s'ras fils de tendresse, Tu s'ras pas pas orphelin. Mais j' connais pas ta mère : Je la cherche en vain. Je connais qu' la misère D'être tout seul sur le ch'min. Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau, Mon copain tu m' tiens chaud. Pierrot. Dans un coin de ma tête Y'a déjà ton trousseau : Un jean, une mobylette Une paire de Santiago. T'iras pas à l'école, J' t'apprendrai les gros mots. On jouera au football, On ira au bistrot. Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau, Mon copain tu m' tiens chaud. Pierrot. Tu t' lav'ras pas les pognes Avant d' venir à table. Et tu m' trait'ras d'ivrogne Quand j' piquerai ton cartable. J' t'apprendrai des chansons Tu les trouveras débiles. T'auras p't' être bien raison Mais j' s'rai vexé quand même. Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau, Mon copain tu m' tiens chaud. Pierrot. Allez viens mon Pierrot, Tu s'ras l' chef de ma bande. J' te r'filerai mon couteau, J' t'apprendrai la truande. Allez viens mon copain, J' t'ai trouvé une maman : Tous les trois ça s'ra bien Allez viens, je t'attends. Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau, Mon copain tu m' tiens chaud. Pierrot.
Salut Manouche
Quand tu t'es pointé sur la zone Qui pousse au pied d' mon HLM, Tu as garé ton vieux Savième Près d'un pilonne. Z'avaient rangé vos caravanes Comme les chariots dans un western. Soudain dans ma banlieue minable C'était moins terne. Toi, ta famille, tes chiens, tes mômes, Tes copains, tes frangins, tes poules, C'est comme une grande bouffée d'ozone, Quand ça déboule. Salut l' gitan, Salut l' manouche. Tu t' souviens d' moi ? Tu m'avais filé ton canif, Toi tu t' prends toujours pour Cartouche. Moi j'ai toujours pas mon certif. Mario fait toujours le rémouleur, Angelo fabrique ses paniers, Moi j' sais bien qu' dans ces p'tits métiers, Faut faire son beurre. Il faut avoir des à coté, Toi t'en as toujours eu un max, Du genre qui font que quand t'es gaulé, Et ben tu casques. Tiré la bagnole à un cave, J'appelle pourtant pas ça un crime : C'est toujours aux bourgeois qui friment Qu' tu les chouraves. Salut l' gitan, Salut l' manouche. Tu t' souviens d' moi ? Tu m'avais filé ton vieux peigne, cigarillo au coin d' la bouche, T'as bien toujours la même dégaine. T'as toujours ton sacré clébard, Croisement d' bâtard avec bâtard ; Tu voulais m' le vendre un milliard, J' les avais pas. T'as encore un nouveau tatouage, Moi j'ai fait trois points sur la main. Et j' me suis fait percé l'oreille Par un copain. Mais ça plaisait pas au dirlo, Alors y' m'a viré d' l'école. Si j' le croise dans la rue c' mariole J' lui fait la peau. Salut l' gitan, Salut l' manouche, Tu t' souviens d' moi ? T'avais failli m' donner ta montre, Ma mère m'a dit qu' t'avais l'air louche. Moi j' me fous d' c' que les vieux racontent. Si tu r'tournes bientôt aux baumettes Essaie d' dire bonjour à mon vieux : Dis-y qu' j'ai r'trouvé ses lunettes Au d'sous son pieu. Dis-y qu'y s'inquiète pas pour moi : Son fiston c'est pas un gageo. Dès qu' j'ai quinze ans j' trouve un boulot Et j' fais comme toi : J' me paye une vieille DS ruinée Une caravane et un clébard, Je laisse les cons dans leur clapier, Et puis j' me barre. Salut l' gitan,
Peau Aime
J'ai garé ma mobylette Devant l'entrée des artistes J'ai laissé la porte ouverte Pour avoir un oeil sur elle. Il faudrait pas qu'on profite Que j' suis en train d' vendre ma cam'lote Pour s' débiner sur ma chiotte. J'ai beau mettre des antivols, Ca fait la neuvième qu'on m' pique, Ca fait la onzième que j' vole. Quoi ? Qui c'est qui dit qu' c'est pas vrai ? Toi ? Bah t'as raison mon pote. J'ai jamais eu d' mobylette Ou alors quand j'étais p'tit, Et j' l'avais acheté avec les ronds d' mes économies. Laisse béton, j' démystifie. Non, maintenant j'ai une Harley, Une grosse qu'a un grand guidon, une grande fourche, une grande roue Un grand trou dans mon budget. Ma bécane, c'est comme un ch'val. Ca tombe bien, j' suis conçu pour : Elle est faite pour épouser la forme de mes jambes arquées. Sans blague, t'avais pas r'marqué ? Avec elle, j' suis un cow-boy, J' suis shérif dans mon quartier. Porte d'Orléans, j' fais la loi. Par ici on y croit pas. Dans l' quartier, on m' traite de goye. C'était pour rimer avec cow-boy. Et tous les apaches de Paris Qu'y m' voient passé sur ma bête, Y s' fendent la gueule : c'est pas gentil. Laisse béton, j' démystifie. J'ai laissé mon perfecto Derrière, dans la coulisse, Accrochée au portemanteau Et pis j'ai eu peur qu'i' glisse Entre les doigts du tôlier que Bien qu' ce soit un brave mec, Qu' aimerai bien m' le chouraver. Alors j' viens sur scène avec. Là, j'ai un insigne SS, L'initiale de ma gonzesse, Que c'est même pas ma gonzesse, C'est la femme à mon copain, Que c'est même pas mon copain. Parce que moi j'ai pas d' copains, Pas d'amis, pas d' parents, pas d' relations. Ma famille c'est la prison, Mon copain, c'est mon blouson, c'est mon surin. Quoi ? Qui c'est qui dit qu' c'est pas vrai ? Toi ? Bah t'as raison mon pote. Des copains j'en ai des tonnes Toutes les nuits dans tous les rades, Tous les paumés, tous les ivrognes, Tous les fous, tous les malades, Qui devant un perroquet, une Kanter ou un p'tit joint S' déballonnent dans un hoquet, Et r'font l' monde à leur image. Tous ces mecs c'est mes copains. Touche pas à mon copain. " Sort dehors si t'es un homme ! " Moi, euh, dans ces cas là, j' sors pas. Dans ma tête, j' suis pas un homme, Dans ma tête, j'ai quatorze ans ; Dans les muscles aussi d'ailleurs. J' parlais des muscles des bras. " Eh, tu veux m' casser la tête ? Bah qu'est-ce t'attends ? Vas-y ? " Laisse béton, j' démystifie. Sur l' bras droit, j'ai un tatouage : Y'a une fleur, y'a un oiseau, qui s'envolera plus jamais, Pis y'a l' prénom d'une souris. Une souris qu'est tellement belle, Qu'i' faudrait qu' j' m'appelle Verlaine pour trouver les mots pour la décrire un peu, Mais j' vais essayer quand même. Dans ces yeux, y'a tant d' soleil, Que quand elle me r'garde, je bronze. Dans son sourire, y'a la mer, Quand elle me parle, je plonge. Quand j' s'rai grand, on s' mariera, Pis on aura plein d'enfants, Même que ce s'ra un garçon, même qu'i' s'appellera Pierrot. " Eh !Laisse moi fermer les yeux, Ouais, laisse moi rêver un peu. " Sur l' bras gauche y' en a un autre : Un poulbot qui a une gueule d'ange Et qui joue d' l'accordéon. Pis en d' sous y'a mon prénom. Euh, y'en a qu' ça dérange ? Dans l' dos, j' voulais faire tatouer un aigle, aux ailes déployées, On m'a dit : " Y'a pas la place. Nan, t'es pas assez carré, alors t'auras un moineau. " Eh, y'a des moineaux rapaces. Ca fait marrer mes conneries ? Laisse béton, j' démystifie. Bon c'est l'heure, moi j'ai fini, J' vous voie tout à l'heure au bar, J' vais m' jeter un p'tit Ricard, Et ça, c'est pas des conneries.